Journaliste indépendante, Isabelle Jarjaille enquête depuis plus de cinq ans sur la gestion des services publics par les entreprises privées, et ses dérives. Elle a débuté son travail par plusieurs enquêtes approfondies sur la gestion des autoroutes, afin de comprendre comment, et pourquoi, l’Etat français perd près de 10 milliards de recettes annuelles de péages, reversées à des sociétés privées, dont la marge moyenne dépasse les 34 %, selon les calculs de l’Autorité de régulation du secteur. En comparaison, les entreprises du CAC 40 font une marge moyenne de 6 %.
CERCLE DES LECTEURS Une initiative du Café Citoyen Chapelain en partenariat avec la Maison Pour Tous Samedi 15 juin à 15 h – cabane à jeux Le Cercle des lecteurs vous accueille à la cabane à jeux – rue François Clouet dans le bourg de La Chapelle S/ Erdre Entrée libre, comme l’esprit !!
Comprendre les enjeux du vote électronique
Vote électronique: progrès ou menace pour la démocratie ?
En France, lors des élections politiques, des dispositifs de vote électronique sont utilisés depuis plus de 15 ans. Des entreprises, et même l’État, organisent des élections professionnelles par internet. Des pays étrangers fournissent aussi des exemples instructifs.
Il s’agit d’évaluer la pertinence de cette évolution au regard des qualités attendues d’une élection démocratique : secret du vote, transparence, sincérité des résultats.
L’Observatoire des inégalités publie son premier rapport sur la pauvreté
Hervé Guéry directeur du Compas lors de son intervention en université populaire le 13 décembre a illustré le diagnostic sur la pauvreté à partir de la situation nantaise.
A cette occasion, il a fait état du premier rapport sur la pauvreté en France conçu par l’Observatoire des inégalités et le Compas.
Le lien « Télécharger » est à la fin de l’article.
L’Observatoire des inégalités publie avec le Compas le premier Rapport sur la pauvreté en France. Un document de référence sur l’état de la pauvreté, rédigé en toute indépendance et dans un langage clair. Noam Leandri, président de l’Observatoire des inégalités, vous le présente.
Les personnes les plus pauvres méritent mieux que l’information qui est produite sur le sujet en France. Les rares documents existants sont rédigés dans un langage inaccessible à la très grande majorité des citoyens. L’Observatoire des inégalités a donc décidé de prendre la plume et de publier son premier Rapport sur la pauvreté en France. Notre objectif : proposer un document de référence sur l’état de la pauvreté, rédigé en toute indépendance afin d‘interpeller l’opinion publique la plus large.
Cet ouvrage est disponible gratuitement en version électronique en ligne. Cette édition n’est rendue possible que parce que chaque année, un ensemble de citoyens soutiennent notre travail. Si vos moyens vous le permettent et que, vous aussi, vous estimez que contre les inégalités l’information est une arme, nous vous invitons en priorité à vous procurer l’édition imprimée ou nous soutenir.
Lire le sommaire et commander le Rapport sur la pauvreté en France
Le travail réalisé par l’Observatoire des inégalités est destiné à fournir les éléments de base pour mesurer et comprendre la situation de la pauvreté. Dans ce domaine, il est courant de dramatiser : le nombre de pauvres passe de cinq à neuf millions en faisant varier le seuil de 50 % à 60 % du niveau de vie médian [1]. C’est ce dernier seuil qui est le plus souvent mis en avant. La Commission européenne évoque même onze millions de personnes « en risque de pauvreté » en France. Toutefois, l’exagération est souvent contreproductive et se retourne contre ses auteurs au détriment de la solidarité envers les personnes précaires. Les situations ne sont en effet pas comparables entre une famille à la frontière de la pauvreté gagnant 2 200 euros par mois, une mère sans ressources et un sans-abri. Le besoin de solidarité n’est donc pas identique.
Notre objectif est de produire un rapport complet et facile d’accès. Les données qui figurent dans ce premier rapport doivent servir de base à un débat éclairé. À l’heure où l’on fustige avec mépris le « pognon de dingue » [2] qui serait dépensé pour les plus démunis, il est temps de remettre les pendules à l’heure : de mesurer avec précision l’état de la pauvreté, d’évaluer les difficultés des plus démunis, de montrer ce qui s’améliore et ce qui se détériore. Nous refusons le paternalisme et le misérabilisme ambiants qui finalement contribuent à la remise en cause d’un modèle social qui est l’un des plus performants. Mais nous refusons tout autant qu’on se voile la face devant l’ampleur des difficultés de populations qui, dans l’un des pays les plus riches au monde, n’accèdent pas aux normes minimales de consommation, et qui vivent dans des conditions de vie indignes dans une société moderne.
Le lecteur trouvera dans ce rapport un grand nombre d’éléments pour l’aider dans la compréhension du phénomène et élargir son champ de vision. Des encarts expliquent la méthode, les différentes manières de mesurer le phénomène notamment, dont nous essayons d’analyser la portée. Si le débat sur la pauvreté prend de l’ampleur dans notre pays, les outils sont le plus souvent pris pour argent comptant. Nous évaluons en particulier le nombre des « invisibles », ceux qui échappent à toutes statistiques. Nous présentons aussi les différents concepts voisins de la pauvreté. Nous étendons la pauvreté à des mesures non monétaires du phénomène et enfin nous replaçons les niveaux de vie des plus démunis dans le contexte d’une échelle des revenus plus large.
Trop de promesses non tenues
L’évolution de la pauvreté est l’un des indicateurs les plus alarmants suivis par l’Observatoire des inégalités depuis quinze ans. La société française souffre. Non pas de ne plus avancer, mais de l’écart entre les discours et les actes. Des promesses non tenues. On vit plutôt mieux en France qu’ailleurs, mais l’élitisme social français laisse trop de concitoyens sur le bord de la route, alors que la République leur promet monts et merveilles. Ceux qui pensent qu’on en fait trop, que l’on doit s’extasier sur une poignée de « premiers de cordées », doivent l’assumer clairement et arrêter de faire semblant : cela sera moins hypocrite que de se ranger derrière une politique de deux poids deux mesures, une tonne pour les plus aisés et une louche pour les plus pauvres, sous prétexte qu’ils doivent être responsabilisés et qu’il vaut mieux « prévenir que guérir », comme le dit souvent le gouvernement. Le plan pauvreté présenté en septembre dernier est une bonne illustration de ce type de politique qui, mesurant mal l’ampleur des difficultés, ne se dote pas des moyens à la hauteur.
Que retenir ?
Que retenir de ce premier rapport sur la pauvreté ? Trois grandes tendances se dégagent (voir aussi notre synthèse « Cinq millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France »). Premièrement, la remontée de la pauvreté à partir des années 2000 constitue une rupture dans l’histoire sociale de notre pays. La France est l’un des pays qui amortissent le moins mal le choc pendant les crises économiques comme celle amorcée en 2008, même si une grande pauvreté persiste. Deuxièmement, la pauvreté offre des visages très différents, des mères seules aux immigrés, en passant par des jeunes sans qualification ou des personnes âgées. Les politiques publiques doivent en tenir compte. Troisièmement, nous nous intéressons aux trajectoires : il n’existe ni trappe à pauvreté dans laquelle les individus tomberaient à tout jamais, ni reproduction mécanique entre parents et enfants. Pour autant, la progression des inégalités de revenu et d’éducation tend de plus en plus à figer les situations.
À partir de ces constats, ce rapport en appelle à des politiques de lutte contre la pauvreté (voir notre article « De quoi les pauvres ont-ils besoin ? ») d’une autre envergure que celles qui ont été envisagées jusqu’à présent, adaptées à la diversité des situations. On pourrait imaginer une toute autre perspective pour notre pays avec la mise en place d’une politique combinant un meilleur soutien monétaire pour les plus démunis (notamment les jeunes) et de véritables réponses concrètes aux besoins sociaux (politiques de santé, de logement et surtout réforme de l’école, etc.). Au fond, la question est bien de savoir si nous voulons une société du chacun pour soi ou une société de la solidarité, valeur largement partagée. L’enjeu n’est pas mince. Sauf à mettre en place très vite des politiques qui agissent en profondeur, on voit mal ce qui pourrait empêcher la progression des tensions sociales dans notre pays.
La pauvreté, fille des inégalités |
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La pauvreté est l’une des inégalités les plus visibles. Entre 2006 et 2016, le nombre de pauvres a augmenté de 630 000 [3] au seuil à 50 % du niveau de vie médian alors qu’en même temps la richesse nationale s’est accrue de 7 %, soit de 170 milliards d’euros. Ce n’est pas un paradoxe mais la conséquence d’une distribution inégalitaire des revenus qui témoigne de l’absence de ruissellement des richesses concentrées en haut de la pyramide. « Il parait que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis tout petit, c’est comme ça » : la plaisanterie de Coluche n’a jamais été aussi exacte.
Être pauvre, c’est être exclu d’une norme sociale à un moment donné, sur un territoire donné. On ne peut pas comprendre la pauvreté si on ne la replace pas dans le contexte global des inégalités. Les pauvres le sont d’autant plus que toute une partie de la population s’enrichit de manière considérable, accède aux bonnes filières scolaires, part en vacances et consomme à tout va. Beaucoup trop souvent, on s’apitoie sur les plus démunis, mais on refuse de voir que leur situation résulte aussi de l’accaparement de la richesse par les plus aisés. |
Qu’y a-t-il d’universel dans le revenu universel ?
En lien avec notre café citoyen du 22 janvier 2018
Intervention de Massimo Amato
Massimo AMATO, Professeur à l’Université Bocconi de Milan – Mercredi 12 décembre 2018, Collège des transitions sociétales.
Le Collège des transitions sociétales est dirigé par Bernard LEMOULT, Directeur de recherche à IMT Atlantique.
http://web.imt-atlantique.fr/x-de/cts-pdl/index.php?page=2018-2019
Ouest-France – 28 novembre 2018 – Café citoyen: les politiques nous écoutent-ils ?
Le hold-up sémantique du revenu universel
En lien avec notre café citoyen du 22 février 2018, dont l’intervenant était l’économiste Philippe Jaunet sur le thème « le revenu universel: une fausse bonne idée ? », nous vous proposons la lecture suivante et d’écouter une émission de France Culture
En présentant un « revenu universel d’activité », le président de la République opère un travail de capture et de fixation du réel, puisqu’avec sa mise en place, il pourra légitimement revendiquer d’avoir mis en place un dispositif qui n’a pourtant d’universel que le nom.
Le dispositif de « revenu universel d’activité » a été présenté le mois dernier, par le président Emmanuel Macron, comme l’une des pierres angulaires de sa stratégie de lutte contre la pauvreté. Or, ce qui nous interroge justement avec ce revenu dit « universel », c’est qu’il n’a d’universel que le nom.
Le président a ainsi présenté les grandes lignes de cette allocation, qui devrait fusionner, je cite, « le plus grand nombre possible de prestations et dont l’Etat sera entièrement responsable ». Cette allocation unique viendrait donc remplacer les multiples minima sociaux versés par l’état et serait, grande nouveauté, versée automatiquement à ses bénéficiaires.
Cette automaticité du versement serait ainsi une véritable avancée puisqu’elle permettrait de réduire drastiquement le non recours à ces aides sociales. Ce sont aujourd’hui près de 30% de ces allocations qui n’atteignent jamais leurs bénéficiaires. En cause, la complexité des démarches, la méconnaissance des droits ou une forme d’embarras et de fierté qui pousse les allocataires potentiels à ne pas effectuer leur demande.
Une allocation unique et automatique, mais pas universelle
On peut donc parler d’une allocation unique et automatique, mais pas universelle, pour la simple raison que son versement serait soumis à des conditions de ressources et qu’il impliquerait des contreparties de la part des allocataires. Des « devoirs » selon les mots du président.
Or, comme le rappelle un article du monde, le revenu universel dans son acception la plus commune -défendue notamment par le Mouvement pour un revenu de base- repose sur plusieurs critères, d’inconditionnalité, d’universalité, d’automaticité et sur la possibilité pour les bénéficiaires de le cumuler avec d’autres aides ou revenus. Or de ces critères, le dispositif macronien n’en reprend qu’un.
On peut donc s’interroger sur les raisons qui ont poussé le Président à parler de « revenu universel ».On touche en réalité, ici, à une torsion assez classique du langage par le politique. Le double objectif pour le président de la République est ici non seulement de reprendre à son compte la valeur symbolique que véhicule ce terme, mais aussi, dans un même mouvement, de priver ses adversaires de son usage.
Un travail de torsion du langage au service du politique
Ainsi, le revenu universel renvoie à un imaginaire très fort, qui touche selon la conception qu’on en a, des partisans de droite comme de gauche. En reprenant à son compte ce terme, brinquebalé d’une définition à l’autre, d’un parti ou d’une sensibilité à l’autre, le Président de la République opère en réalité un travail de capture et de fixation sur le réel.
A l’avenir, avec la mise en place de ce dispositif, il pourra se targuer d’avoir mis en place un revenu universel, intégrant, épuisant même, par la force du politique, les contradictions et les mensonges d’une telle affirmation.
Ce pouvoir du langage et sa capture progressive par le politique a d’ailleurs été mise en lumière par de nombreux intellectuels. Oui, depuis les linguistes et les philologues, analystes des usages du langage, jusqu’aux travaux d’Eric Hazan qui, dans son ouvrage « Lingua Quintae Respublicae ou la propagande au quotidien », se livre à une critique sémantique de la cinquième République. Pour l’auteur, la LQR, cette hybridation post-moderne de la langue, a largement contribué à la mise en silence, à la mise en berne, des conflits politiques, économiques et sociaux.
Un essorage sémantique comme instrument de légitimation
En opérant un travail d’euphémisation du réel et « d’essorage sémantique », selon les mots de l’auteur, cette novlangue utilisée par les hommes politiques permet de cacher dans les replis d’un langage, fade et normé, la réalité des décisions politiques. En clair, les mots sont vidés de leurs sens ou utilisés pour ce qu’ils ne sont pas à des fins de pouvoir et de dissimulation.
Les politiques emploient ainsi une série de termes qui, derrière leur apparente neutralité, véhiculent en fait une vision du monde cohérente avec leurs intérêts. Ainsi pour légitimer le contrôle des chômeurs, on nous parle d’assistanat. On ne parle plus de cotisations sociales, mais de charges. Plus de licenciement, mais de plan de sauvegarde de l’emploi. Le langage travaille en éclaireur de la pensée. Il opère une oeuvre de transformation politique si puissante qu’il parvient à nous faire épouser des logiques et des causes, qui nous seraient a priori étrangères.
En opérant ces hold-up sémantiques, les politiques brouillent encore plus les lignes d’un clivage politique qu’ils prétendent dépasser. Eric Hazan va même plus loin et explique dans la revue Regards, que le but de cette langue-fantôme est bien de « faire accepter l’inacceptable, de légitimer des réformes, incessantes » qu’elles aillent, ou non, dans le sens du bien commun.
Le Café citoyen persiste et signe
Ouest-France – 3 octobre 2018 – « Hôpital public: le diagnostic vital est-il engagé ? »
Refonte visuelle
Le Café Citoyen Chapelain a l’honneur de vous annoncer sa refonte visuelle.
L’agence CADOPPI a permis la mise en place d’un nouveau logo et Théo Levalet a organisé la refonte du site.
Nous espérons que ces nouveaux éléments vous enchantent autant que nous et espérons vous voir lors des prochains événements du Café Citoyen Chapelain.